Le jeu de rôle Grandeur Nature pour découvrir et expérimenter les métiers

Dans cet article, continuons le tour des jeux immersifs pour l’aide à l’orientation scolaire et professionnelle. Après le Jeu de rôle sur table, on va aujourd’hui se pencher sur le jeu de rôle Grandeur Nature. Qu’est-ce qu’un jeu de rôle Grandeur Nature ? Quelle est la différence avec le Jeu de rôle sur table ? Et comment on peut l’utiliser pour l’orientation ?  

Comment ça « Grandeur Nature » ?

On abrège « jeu de rôle Grandeur Nature » en « GN » pour le différencier de son frère le Jeu de rôle sur table (abrégé en JDR tout court). Le JDR, dont je vous ai parlé dans le précédent article, se déroule autour d’une table contrairement au GN. C’est d’ailleurs la différence la plus importante entre les deux types de jeux de rôle.

Dans le GN, les joueurs vont incarner physiquement leurs personnages. Ils vont interagir directement avec leur environnement, avec un décor, avec des personnages non joueurs (PNJ) qu’ils vont réellement croiser. Les joueurs vont aussi s’habiller comme s’habillerait leur personnage pour vraiment se mettre dans leur peau. Cela peut être un costume rudimentaire ou symbolique comme une blouse pour un médecin ou quelque chose de plus élaboré.  Là où le JDR va décrire et imaginer tout ces éléments, le GN va le transcrire dans un univers de jeu réel. En anglais, on parle d’ailleurs de live action roleplay (ou larp).

On fait souvent le lien entre GN et improvisation théâtrale parce qu’effectivement, dans les deux cas, les joueurs comme les comédiens vont physiquement interpréter leur rôle, leur personnage. Dans le cas du GN, même si on recherche aussi la « belle scène » – la scène aussi agréable à jouer qu’à regarder comme au théâtre -, il s’agit avant tout d’un jeu avec ses mécaniques et dans lequel les personnages ont des objectifs bien définis qui vont guider leurs actions.

On peut donc tout à fait jouer à un GN et ne pas être très bon comédien. Cela n’empêche absolument pas de remplir ses objectifs et faire du bon jeu avec les autres joueurs. Pour jouer au GN il faut juste respecter la cohérence de son personnage et la cohérence avec l’univers de jeu dont on a déjà parlé pour le JDR.

L’expérimentation réelle

Dans un GN, contrairement à un JDR, le joueur peut donc manipuler des objets, s’essayer réellement à des expériences qui ne se limitent pas à la parole. Le côté immersif est donc facilité pour les plus enthousiastes et, pour les moins à l’aise, c’est un plus gros challenge mais qui peut assez rapidement donner satisfaction.

Le GN n’est pas non plus complètement différent du JDR. En effet dans les deux cas, les joueurs restent libres de leur choix et de leurs actions. Elles ne sont limitées que par le fait qu’elles soient cohérentes avec l’univers du jeu mais aussi cohérentes avec leur personnage, leurs valeurs, leurs capacités, leurs compétences, leurs caractères, leurs histoires ou justifier par des circonstances particulières.

Lorsque les joueurs rencontrent d’autres personnages, ils peuvent choisir de les ignorer, de fuir en courant, de leur courir après, de leur poser un maximum de questions, de leur demander de l’aide, de les inviter à danser ou encore à jouer aux fléchettes. Il y a beaucoup de possibilités. Même si bien sûr leur interlocuteur ne réagira pas de la même façon à toutes ces actions.

Et les dés alors ?

Dans le JDR comme on l’a vu, l’issue plus ou moins favorable des actions peut être déterminée par un lancé de dés combiné avec les compétences, les capacités du personnage. Dans le GN, les personnages ont également des compétences et des capacités mais qui se traduisent en jeu par des actions que les personnages sont capables ou non de réaliser.

Si un personnage a par exemple une compétence de soin et qu’un autre est malade (donc que son joueur simule une maladie). Le premier a la capacité de le soigner, il va jouer l’action médicale et l’autre sera remis sur pied. La réussite d’une action liée à une compétence est donc plus fréquente et automatique en GN que dans un JDR.

Les contraintes pratiques

Un aspect pratique qu’il faut avoir à l’esprit quand on crée un GN c’est que la logistique est beaucoup plus importante que dans un JDR. En effet, en GN les joueurs évoluent dans un décor qu’il faut avoir à sa disposition ou matérialiser de la manière la plus convaincante possible. Il faut aussi se procurer ou fabriquer avant le jeu les éléments et les accessoires qui seront susceptibles d’être utilisés par les personnages.

Alors qu’en JDR on peut faire « apparaître » dans sa description n’importe quel lieu ou objet en improvisant; en GN le meneur de jeu (qu’on appelle plutôt un organisateur) doit anticiper leur présence pour qu’ils soient présents dans la scène. D’ailleurs le maitre du jeu intervient beaucoup moins directement dans le jeu puisqu’il n’a plus à décrire les lieux et les actions.

Le Gn pour découvrir les métiers

Avec tout ça, pourquoi et comment utiliser le GN pour l’orientation scolaire et professionnelle ?

Le GN est extrêmement intéressant pour l’expérimentation réelle et manuelle qu’il permet. On ne s’imagine plus en train de poursuivre un criminel, on court réellement après un joueur dont le personnage est un criminel par exemple.

Le GN permet également de parcourir et donc de découvrir un lieu comme un campus par exemple ou un lieu professionnel (une mairie, une gare, etc…) tout en se l’appropriant puisqu’on va interagir avec le lieu et les gens qui y gravitent. Cela fait partie des jeux sur mesure que je peux concevoir (pour en savoir plus cliquez ici).

Le GN est aussi très intéressant pour faire découvrir les métiers aux plus jeunes puisqu’en primaire on joue déjà intuitivement à la maîtresse, au pompier, etc…. Pour les plus jeunes, les règles sont bien sûr simplifiées, les rôles sont rendus à l’essentiel et adaptés à leur âge. Mais c’est un très bon moyen de simplement montrer aux enfants les métiers qui existent tout en les faisant jouer ensemble comme il le ferait naturellement avec l’idée qu’ils se font de ces métiers.


Ce sont de ces manières-là que j’utilise le GN au Boussolier pour le moment. Mais j’ai encore énormément d’idées et de projets qui font intervenir le GN !

On retrouve certains des intérêts du GN dont je viens de vous parler chez son cousin l’escape game dont nous parlerons dans le prochain article.