Abordons dans cet article un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je vais vous y expliquer 6 choses qui peuvent amener les zèbres, surdoués ou haut potentiel à faire un choix pas tout à fait adapté. Dans cet article, j’utilise les trois dénominations pour ne pas faire de jaloux, même si bien sûr, j’ai ma petite préférence… Nous allons voir qu’à raisonnement différent, problématiques différentes.
Le Haut Potentiel : rappels
Je ne vais pas refaire ici une définition du haut potentiel qui serait assez longue mais je mettrai quelques références qui abordent le sujet à la fin de l’article. Cependant, je tiens à rappeler deux points qui sont essentiels pour la réflexion que je vais développer.
La première chose c’est qu’être surdoué ou haut potentiel ce n’est pas simplement avoir un QI plus élevé ou réfléchir plus vite ou être en avance sur son âge. Ce n’est pas que ça, même s’il est vrai que le terme « surdoué » prête un peu à confusion. C’est véritablement un raisonnement différent, une manière de fonctionner différente. J’aime personnellement bien utiliser les termes de « raisonnement global » ou de « raisonnement en arborescence ». Je trouve l’image assez parlante et je crois qu’elle prête moins à confusion pour les autres quand on explique ce que c’est que le haut potentiel.
Deuxième chose, les surdoués n’ont pas forcément les meilleures notes à l’école, et ce pour plusieurs raisons. Déjà parce que le système scolaire n’est pas du tout adapté au fonctionnement du HP. Le fait de compartimenter les connaissances dans des espèces de cases, dans des matières, dans des chapitres c’est quelque chose qui n’a pas vraiment de sens pour le haut potentiel. Autre chose qui n’a pas vraiment beaucoup de sens pour lui, c’est le fait qu’on axe souvent l’apprentissage sur la mémorisation autant, voire plus, que sur la compréhension.
Mais malgré cela, à partir du moment où il a compris ce qu’on attendait de lui, le HP a une grande faculté d’adaptation donc il peut se plier et essayer de s’adapter à d’autres raisonnements, de contraindre un petit peu sa pensée, en tout cas au moins pendant un temps. Le problème c’est qu’il ne voit pas toujours le sens ou l’intérêt de faire cet effort supplémentaire. Et à partir du moment où ses besoins de connexions entre les choses, de globalité et de créativité ne sont pas assouvis, il ne va pas forcément chercher à faire beaucoup d’efforts sur le reste, d’où malheureusement le grand nombre d’échecs scolaires chez les hauts potentiels.
Un autre élément d’explication est que le HP est vraiment extrêmement connecté avec le côté émotionnel des choses. Donc à partir du moment où la relation avec le professeur n’est pas satisfaisante ou que le HP associe une matière à un souvenir vraiment négatif ou encore qu’il y a des problèmes relationnels au sein de la classe cela va être très compliqué de le faire accrocher.
On parle de « Hauts Potentiels » parce qu’ils ont ce potentiel, cette capacité de briller dans vraiment énormément de domaines mais pas dans n’importe quelles conditions.
PIège 1. Se sentir obligé de faire les meilleures études
Le premier piège est de se sentir obligé de faire les meilleures études, les plus longues, les plus exigeantes et les plus sélectives pour ne pas « gâcher » son haut potentiel ou pour prouver que qu’on n’est pas un imposteur et qu’on est bien surdoué. Il faut vraiment insister sur le fait que nous n’avons à prouver à personne ce que nous sommes. Si on est zèbre, on est zèbre. Et on en fait absolument ce qu’on veut.
Bien sûr si cela plait au zèbre de faire un doctorat, une grande école, c’est tout à fait possible parce qu’il en a le potentiel, la capacité mais ça n’a strictement rien d’obligatoire. Un HP peut très bien faire une formation courte et travailler assez rapidement et être très épanoui.
On ne fait pas des choix aussi impactants que celui de sa ou ses voies professionnelles pour essayer de se conformer à ce que les autres attendent de nous. C’est vraiment un choix qu’on fait pour soi, pour être heureux.
2. S’empêcher de faire ce que l’on veut par peur
Autre point à garder en tête, ne pas s’empêcher de faire ce qu’on veut, d’aller là où on veut à cause d’une mauvaise estime de soi, de la peur d’être rejeté par les autres ou de leur regard. Si un HP veut passer un concours hyper exigeant, qu’il le fasse. S’il veut étudier ou travailler dans un pays dont, pour l’instant, il connait à peine la langue, qu’il le fasse. S’il veut connaître toutes les techniques de travail du bois qui existent à travers le monde, qu’il le fasse. Le raisonnement du zèbre lui donne la capacité, le potentiel de faire tout ça. Alors à ce niveau-là il n’y a vraiment pas à se réfréner.
Il est certain qu’il vaut mieux apprendre à connaître les particularités et le potentiel de son raisonnement parce que cela aide vraiment à reprendre confiance en soi. Être haut potentiel a vraiment de merveilleux côtés, même si par moments, c’est aussi très chiant (n’ayons pas peur des mots !). Et il vaut mieux être fier de ce que l’on est parce qu’en l’occurrence, on ne pourra pas décider de ne plus être surdoué. C’est la manière dont on fonctionne et ça a vraiment de très bons côtés.
3. Se limiter aux métiers « intellectuels »
Un autre piège, c’est de penser qu’en tant que surdoué on ne sera bien que dans des métiers « intellectuels » parce que le I de HPI signifie « intellectuel ». De manière générale, ce n’est pas vraiment très pertinent de séparer « intellectuel » et « manuel ». Cela revient à peu près à dire que pour utiliser ses mains, on n’a pas besoin de son cerveau, ce qui est faux.
Ce qui est vraiment important pour le zèbre c’est de trouver un sens à ce qu’il fait, de pouvoir être innovant et être créatif. C’est de pouvoir trouver de nouvelles solutions, de pouvoir faire de nouvelles connexions entre des choses qui, à première vue, ne semblent pas avoir de lien. C’est de cette manière qu’il va s’éclater et s’épanouir. Et on peut retrouver ses critères dans beaucoup de domaines, qu’ils soient manuels ou non.
4. Choisir un métier répétitif
Un autre piège est de se tourner vers un métier qui va vite être répétitif et routinier. Quand on est zèbre, on s’ennuie beaucoup plus rapidement que les autres et on aura parfois fait le tour d’un poste en quelques mois, quelques semaines, voire quelques heures en fonction de sa complexité. Donc il faut trouver des solutions et des parades.
On pourra choisir des métiers qui peuvent avoir des tâches extrêmement diverses. Dans ces cas-là, on va forcément mettre plus de temps à toutes les maîtriser.
Ensuite on peut choisir un domaine qui évolue tellement rapidement qu’on ne peut pas se reposer sur ses acquis et qu’on est obligé de continuer à apprendre en permanence de nouvelles choses.
On peut aussi trouver un travail qui va fonctionner par projet, par réalisation et où chaque projet va différer du précédent. Ça peut être le cas notamment dans les domaines créatifs et artistiques. Ça peut être aussi le cas dans des domaines comme l’événementiel par exemple ou dans la recherche.
Ou encore on peut coupler plusieurs activités, qu’elles soient professionnelles ou de loisirs, pour équilibrer son temps et ne pas s’ennuyer. On peut aussi prévoir dès le départ de changer de métier et de domaine plusieurs fois dans sa vie.
Il y a vraiment plusieurs types de solutions en fonction de sa personnalité et de ses envies pour éviter de s’ennuyer mais c’est vraiment quelque chose d’important à garder à l’esprit pour un HP.
5. Se focaliser sur des critères pratiques
Autre piège : c’est de choisir un domaine professionnel uniquement parce qu’on a de bonnes notes dans cette matière ou parce que ce métier bénéficie d’un bon statut social ou parce que c’est un domaine qui recrute.
Bien évidemment ce sont des éléments qui peuvent intervenir dans son choix. Mais c’est à partir du moment où ils constituent le principal critère de choix que cela devient problématique. On l’a dit, en tant que zèbre, on a la capacité, le potentiel d’être compétent dans énormément de domaines. Le fait d’avoir trop de possibilités fait d’ailleurs partie des choses qui peuvent rendre le choix compliqué.
Ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que vraiment, plus que quiconque, il faut que ce qu’un HP fait l’intéresse. Il faut que ce qu’il fait lui fasse des feux d’artifice dans le cerveau. Dans le cas contraire, il va très rapidement se dessécher et ne pas se reconnaître. Il ne va plus pouvoir utiliser pleinement ses capacités, son potentiel.
C’est vrai qu’à différents moments de sa vie, ses centres d’intérêt vont changer et du coup son métier va peut-être changer avec eux. Mais cela ne veut en rien dire que son premier choix était mauvais. C’est juste qu’en tant que multi potentiels, on s’intéresse à énormément de choses à différents moments ou en même temps. Et d’ailleurs il faut aussi garder à l’esprit qu’en tant que zèbre, on a une capacité très importante à faire des connexions entre des choses qui paraissent éloignées donc parfois, dans un métier, on va pouvoir faire se rencontrer des centres d’intérêts différents.
6. Penser que sa douance est un handicap
Enfin dernier piège : penser que sa différence de raisonnement n’est en fait qu’un handicap dans le monde du travail, qu’aucun employeur ne voudra de ça et qu’il vaut mieux se contraindre à fonctionner comme les autres parce que c’est uniquement de cette manière qu’on va vraiment pouvoir réussir et être tranquille.
Alors là je dis « STOP » ! Ce n’est jamais une bonne idée de se contraindre à être ce qu’on n’est pas. Bien sûr ça peut fonctionner dans un premier temps. Ça peut fonctionner de manière temporaire. Mais très vite va surgir une espèce de mal-être qui va devenir constant et de plus en plus profond.
Il est vrai que beaucoup de gens ne sont pas vraiment capables de concevoir qu’on puisse réfléchir d’une manière différente de la leur. Mais il y en a aussi qui peuvent le concevoir et qui voient même vraiment l’intérêt de cette différence. Et puis il y a aussi des employeurs qui sont eux-mêmes zèbres. Il ne faut pas l’oublier. Enfin on peut aussi créer ton propre emploi, sa propre entreprise ou sa propre association par exemple.
Je ne dis pas que c’est tous les jours une partie de plaisir d’avoir un raisonnement global dans un monde peuplé majoritairement de raisonnements séquentiels. Mais à partir du moment où on connaît ses particularités et surtout à partir du moment où on les prend vraiment en compte, on peut être très heureux.
Voilà pour les 6 pièges les plus classiques dans lesquels on peut tomber quand on est Haut Potentiel et qu’on est confronté à son choix d’orientation. Maintenant, je tiens à être rassurante : en tant que HP on est plus que tout autre capable de rebondir, de pivoter, de changer de voie si on ne pense pas avoir vraiment fait le bon choix pour soi.
D’ailleurs souvent, les zèbres ont plusieurs types de métiers dans leur vie, que ce soit les uns après les autres ou en même temps. Je ne dis pas que c’est inévitable, parce que ce serait très certainement faux, mais en tout cas c’est très fréquent. Et chaque changement d’activité professionnelle n’est pas synonyme d’années d’études ou de formation supplémentaires. C’est important de le savoir.
Donc il n’y a pas de quoi s’angoisser outre mesure si on tient compte de sa différence aux moments de ses choix. C’est vraiment ça l’important. Ce sont des choses que j’aurais vraiment aimé savoir au moment de m’orienter.
C’est aussi en pensant à ce que j’aurais aimé en tant qu’adolescente que j’ai créé des jeux immersifs pour l »orientation. Ce sont vraiment des outils que je trouve hyper pertinents, intéressants et fun pour pouvoir réfléchir à ces questions d’orientation, surtout pour les HP.
J’en également plein d’autres idées pour faire pétiller le cerveau des HP/zèbres/surdoués et les faire reprendre le goût de l’apprentissage. N’hésitez pas à me contacter si vous voulez être tenus au courant de leur avancé.
quelques références sur le haut potentiel
Les livres de Béatrice Millètre : une mine d’or et un style d’écriture vraiment fluide et abordable.
La chaine Youtube « Une psy à la maison » : une playlist de vidéo est consacrée aux surdoués.